mercredi 15 juillet 2009

Non au "ou pas"


Traînant inlassablement sur Facebook, en quête de je-ne-sais-quoi, je m'étonne de voir apparaître un petit encadré annonçant que dix de mes amis sont devenus "fan" de l'expression "Ou pas". Voilà qui suffit à m'interpeller.

Bien plus répandu que "genre" et moins culte que "c'est pas faux" (tiré de la série Kaamelott et son personnage mythique Perceval, ce qui lui donne une légimité un peu plus grande), "ou pas" s'impose dans le langage quotidien. Expression consacrée et outrancièrement utilisée, "ou pas" est devenu en 2009 le must de la conversation. Cette fameuse page sur Facebook ne compte pas moins de... 357 009 fans. Si voir dix de mes amis (sur quelque 200, la blague) ne me choque pas tellement, je suis attérée devant ce chiffre monstre. Plus de 350 000 personnes en manque de rhétorique, c'est triste. Le seul répondant que trouvent les gens tient en deux mots, minables et si banals, montrant la dualité étriquée d'esprits en mal d'éloquence. Utilisé souvent pour détendre l'atmosphère, montrer qu'on a quelque chose à dire - si creux cela puisse être -, "ou pas" est l'expression par excellence des grandes gueules qui osent aller à contre-courant de leurs interlocuteurs.

"- Eh, il est vraiment génial le dernier Woody Allen.

- Ou pas"

Cette simple expression coupe court à toute palabre alors jugée inutile, l'emploi du "ou pas" signifiant à lui-même toute l'incongruité d'une possible discussion prolongée. Signe des temps modernes, où prendre le temps d'argumenter et de donner son avis en long, en large et en travers devient surrané, le "ou pas" est une solution de facilité. Une expression en kit pour cerveaux en mal de sagacité. Même plus besoin de mode d'emploi, l'expression s'utilise à tout-va.


Après le plus vulgaire et tout aussi inutile "dans ton cul", expression consacrée de 2008, le "ou pas" se répand dangereusement dans toutes les discussions. Stoppons-le avant qu'il ne tue tout bon mot, signe d'un esprit vif et averti, et non l'expression d'un manque d'originalité et de perspicacité.

1 commentaire:

  1. Je suis d'accord avec toi, voilà un abus de langage qu'il convenait de dénoncer et tu le fais avec brio!
    Mais dis-moi, dernier post, 15 juillet, bientôt la réprise?
    Bisous

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