lundi 6 juillet 2009

Orelsan, boudé par les Francofolies


Orelsan, rappeur controversé et haï des féministes pour sa chanson Sale Pute, a finalement été déprogrammé de la sélection musicale des Francofolies, édition 2009. Prévenu au dernier moment, il est se dit "estomaqué" d'une telle décision politique.

Un rappeur à la trappe

Elle l'a niée puis l'a finalement reconnu dans le journal Sud-Ouest : Ségolène Royal a demandé "des clarifications" aux organisateurs des Francofolies. La décision de déprogrammer Orelsan a été communiquée... le 2 juillet, soit une semaine avant le début des festivités. Le nom d'Orelsan figurait déjà sur les affiches et les réservations à la Fnac. Selon les dires des organisateurs, le rappeur n'avait pourtant pas été prévu dans la programmation : "Il était seulement sur une liste d'artistes programmables". Pas de bol, Orelsan aurait reçu un courrier confirmant son passage, le 15 mai dernier.

Game over, again

Lors du Printemps de Bourges, le rappeur originaire de Caen crée le buzz avec sa chanson Sale Pute, attaque virulente contre une petite-amie adultérine. La secrétaire d'Etat à la Solidarité, Valérie Létard, y dénonce une incitation à la violence faite aux femmes. La polémique est lancée. Orelsan s'étonne de ces réactions face à une chanson qui date de deux ans, disponible seulement sur Internet et non sur son album Perdu d'avance. A son corps défendant, il déclare vouloir montrer "comment une pulsion peut transformer quelqu'un en monstre" (cité dans Planet'Rap Mag). Il s'excuse finalement de ces paroles qu'il conçoit comme choquantes et pouvant déranger, tout en nuançant ses propos : « Quoi que j'aie dit, je serai toujours moins violent que les séries sur TF1, où un type se fait cogner au bout de cinq minutes à 20h30 sans raison. » Après plusieurs demandes d'annulation de sa prestation au Printemps, il est finalement maintenu par les organisateurs. La tempête est passée.

Retour de bâton

Mais le retour de bâton ne se fait pas attendre et le polémique reprend de plus belle avec les Francofolies. A l'Express, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes où se déroule le festival, nie une quelconque implication dans cette annulation. Mais samedi 4 juillet, répondant aux questions du quotidien Sud-Ouest, elle revient sur ses propos et avoue avoir contacté les organisteurs au mois de mars : "En tant que femme et présidente de la région Poitou-Charentes, je n'ai absolument pas envie de sponsoriser sur mon territoire une personne qui vante les violences faites aux femmes. Même si je n'ai pas à me mêler des choix artistiques, j'assume, et je me réjouis qu'il ne chante pas ses paroles de haine et de meurtre aux Francofolies".

"Il n'y a aucune raison d'annuler"

A l'annonce d'une telle décision, inattendue et décevante, le rappeur demeure consterné : « Je suis estomaqué de l'apprendre aussi tardivement. Et dire que je suis encore sur les affiches... J'étais ravi de me produire aux Francos, mais je ne vais pas me laisser faire. Il n'y avait aucune raison d'annuler. Même au plus fort de la polémique, les organisateurs du Printemps de Bourges ne l'avaient pas fait. Je n'envisage pas de venir chanter quand même pour faire de la provocation, mais il faut bien savoir que c'est une équipe d'une dizaine de personnes qui sera privée de travail ce jour-là (…).Quant à ma chanson, je ne pense pas qu'elle ait changé - en bien ou en mal - le nombre de femmes battues en France. Mais, encore une fois, comme les autres, Ségolène Royal n'a jamais dû prendre la peine d'écouter l'album qui est en cause. Il faut désormais que je m'explique avec elle, je vais essayer de la rencontrer. »
Alors que les programmateurs du Printemps de Bourges avaient assumé pleinement leur ligne artistique, jugeant Perdu d'avance comme un album de hip-hop "excellent", ceux des Francofolies n'ont pas tenu la distance. Alors, pression politique ou choix artistique? Pour Gérard Pont, qui dirige le festival, il s'agit surtout d'éviter "les débordements" (au JDD). Avouons-le, il est clair qu'un rappeur surexcité risque d'agiter les foules et de mettre un peu plus d'ambiance que Jane Birkin ou Raphaël... Comme on dit, prudence est mère de sûreté.
Pour écouter Orelsan, cliquez ici.

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