mercredi 15 juillet 2009
Non au "ou pas"
mardi 14 juillet 2009
Le loto de la Justice
Un verdict jugé insuffisant
Torturé durant trois semaines puis laissé pour mort, Ilan Halimi, jeune de confession juive, est décédé à la suite de ses blessures le 13 février 2006. Soulevant l’indignation de la communauté juive mais plus largement de l’opinion publique, son assassinat a remis sur la table la question de l’antisémitisme dont les manifestations semblent se multiplier depuis quelques années. Ouvert depuis avril 2009, le procès tant attendu a entraîné nombre de polémiques. Au cours de l’audience, l’attitude provocante ou carrément désinvolte du principal accusé a désarmé la famille d’Ilan Halimi, alors que dans le même temps, les parents de Youssof Fofana étaient stigmatisés à chaque sortie publique. C’est au tour du verdict, rendu ce week-end, de soulever des controverses. Les peines requises par la cour d'assises de Paris n’ont pas satisfait les proches de la victime. Youssouf Fofana, tête pensante et chef du "gang des barbares", a été condamné à la peine maximale, la prison à perpétuité avec 22 ans de sûreté. Ayant reconnu avoir porté seul les coups fatals envers Ilan Halimi, il écope de la peine la plus lourde en droit français. Ses deux « lieutenants », complices indispensables aux rouages du gang, Samir Aït Abdelmalek (30 ans) et Jean-Christophe Soumbou (23 ans) sont respectivement condamnés à 15 et 18 ans de réclusion. La jeune fille qui avait servi d'appât, mineure au moment des faits, a été condamnée à neuf ans de prison. Concernant les 24 autres accusés, la cour a prononcé des peines allant de six mois de prison avec sursis jusqu’à 18 ans de réclusion, sans compter les deux acquittements.
Le procès de l’antisémitisme ?
Hier, Maitre Szpiner, avocat de la mère d'Ilan Halimi, en a appelé à un nouveau procès, fustigeant la « bienveillance » du verdict énoncé. Une manifestation était prévue lundi soir pour demander un nouveau jugement. Pour Richard Prasquier, président du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives), il paraît clair qu’à partir d'un réquisitoire déjà jugé indulgent, « les sanctions ont été dans l'ensemble minorées ». A cela s’ajoute les motivations antisémites du meurtre, qui aurait été minoré tout au long du procès. Et de continuer « Hormis Fofana, les protagonistes ont assuré qu'ils n'étaient pas antisémites et certains ignorent probablement la signification de ce mot. Mais ils ont intériorisé, et cela revient au même, des stéréotypes féroces contre les Juifs forcément « riches » »(Le Figaro). M. Prasquier en appelle à un nouveau procès, public cette fois-ci, afin que la vérité soit connue de l'opinion publique et montre les rouages de l'antisémitisme latent mais toujours présent en France.
L'appel lancé a été entendu par la ministre de la Justice, qui a réagi dès sa sortie de la réunion des ministres. Face à cette agitation, Michelle Alliot-Marie a pris les devants, sans consultation préalable : « J'ai demandé au procureur général de faire appel des condamnations inférieures aux réquisitions de l'avocat général". Pas de quoi faire tiquer la toute nouvelle ministre. Certains murmurent que les bonnes relations entre les représentants de la communauté juive et l'ancienne ministre de l'intérieur, alors en charge des cultes, expliquent la promptitude de sa réaction. Ce serait pourtant aller trop loin dans des allégations fortuites (au risque d'être taxé d'antisémite), et sous-estimer des explications plus plausibles comme la condamnation des accusés à des peines trop minorées pour être justes.
Pourtant, cette décision d’appel, si elle satisfait la famille d’Ilan Halimi et les représentants de la communauté juive, laisse pantois l’Union Syndicale des Magistrats, qui la juge « inquiétante et dangereuse ». "Si la simple motivation, c'est que les peines prononcées sont inférieures de quelques années à ce qui a été requis, il va falloir faire appel dans les trois quarts des affaires pénales de cour d'assises", remarque Christophe Regnard, président du syndicat. Il se désole alors et fait un constat pour le moins fâcheux : "La politique a repris ses droits sur la justice".
lundi 13 juillet 2009
Twitter or not twitter ?
Twitter, c’est hype
Ce qui explique son succès, c’est surtout l’interactivité qu’il crée entre ses utilisateurs. Chacun peut y parler de sa vie, de son emploi du temps ou de ses réflexions personnelles. De nombreuses personnalités ont fait le succès de ce site de microblogging. Elles sont de plus en plus nombreuses à se laisser séduire par cet outil de communication novateur et - ô combien - fashion : de Barack Obama à John McCain (tellement heureux d’avoir rencontré Kissinger qu’il s’empresse de le publier sur sa page) en passant par les plus hauts diplomates américains ou même… Ban Ki moon, l’actuel secrétaire des Nations Unies. Même le tout nouveau ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, en redemande : « Apprenez-moi à Twitter » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse pour l’ouverture des Francofolies.
Quand Twitter se tire dans les pattes
Facebook avait déjà soulevé le problème : la mise en ligne de sa vie peut entraîner des conséquences inattendues. Cambriolage à la suite d’une fête annoncée sur Facebook et autres tracas. Le 13 juillet dernier, le Figaro consacre un article à ce même phénomène, dû cette fois au site Twitter :
"Un Américain, Israel Hyman, avait innocemment annoncé son départ pour un long week-end à ses 2 000 « fans ». Et il s’est fait cambrioler tous les ordinateurs et caméras de sa société de podcast IzzyVideo.com. « Ma femme pense que c’est peut-être le hasard. Moi, j’ai mes doutes, car aucun appareil ménager n’a été volé. C’était très ciblé », déplore-t-il."
Cyber-militants et révolution numérique
Ces désagréments n’empêchent pas de pointer du doigt le rôle positif exercé par le nouveau site à la mode. La récente révolte iranienne en donne un exemple flagrant : alors que la presse – locale et étrangère – est muselée par le pouvoir en place, les sites internet – de Youtube à Twitter – se font le relais des évènements les plus déroutants. La mort de la jeune étudiante Neda Soltani, rapidement devenue en Occident une icône de ce soulèvement populaire, en est l’exemple. Les images de sa mort, prise en directe par des téléphones portables, ont fait le tour des télévisions et des sites de vidéos en ligne. Portables en main, le peuple se fait le porte drapeau d’un nouveau journalisme citoyen.
Le monde en 140 caractères
La concision demandée par la publication de mini articles sur Twitter a donc le mérite d’être percutant, comme un slogan qui saute aux yeux. Certains commentateurs de la vie politique – et journalistique – se félicitent d’un tel débordement de mots, de nouvelles et d’images, arguant que même en 140 caractères, tout peut être dit. Citons seulement l’article de Gideon Rachman paru dans le Financial Times et repris dans le Courrier International de cette semaine : pour lui, les plus grandes pensées, philosophique ou politique, se résument en une seule phrase, évidente. Twitter apparaît donc "comme le média idéal pour la politique et la philosophie". Vraiment ?
Ces évidences incongrues me font irrémédiablement penser à certains théoriciens de la critique des médias. Ces derniers dénoncent allègrement l’emprise de la vie privée, devenue la grille de lecture privilégiée des tribulations de la vie publique. Et ce phénomène est d'autant plus accentué suite à la multiplication d'espaces d'expression personnelle mis à disposition de tout un chacun (blog, Twitter, Facebook, etc.). Habermas retranscrit bien cette ambiguïté de la relation entre espace privé et public, ce sentimentalisme à l’égard des personnes – célèbres ou non - et le cynisme à l’égard des institutions, qui définit bien l’état actuel de la politique.
On ne peut pas non plus passer à côté de l’analyse éclairante d'Herbert Marcuse (1), dont la théorie peut être aisément appliquée à la situation actuelle : les médias immunisent les individus en devenant des vaccins contre la réflexion. Ils ne disent pas comment réfléchir sur un sujet en particulier mais empêchent de réfléchir, comme si le problème était le "virus "de la réflexion dont il faut nous vacciner. Marcuse parle notamment des sigles utilisés à outrance dans les articles mais jamais expliqués, ou encore le recours aux tirets et aux parenthèses, minorant des informations pourtant capitales pour comprendre l'enjeu d'une question. L’abréviation permet par exemple de prévenir toutes les questions non désirées. En bref, les médias nous disent ce à quoi il ne faut pas penser et non ce à quoi il faut penser. Pourquoi ? Si on développait l’acronyme, on serait obligé de se poser des questions sur les termes du sigle. Prenons la question de l’adhésion de la Turquie dans l’OTAN, littéralement, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord… un sigle lourd de signification et d'histoire, anéanti en quatre petites lettres. Plus on raccourcit les phrases, moins on permet au lecteur de comprendre et se poser des questions, l'évidence et la vérité tenant en 140 caractères, maximum, bien évidemment.
Plus largement, c’est la question du journalisme citoyen, réactif et populaire (au sens noble de « peuple ») qui se pose ici. On voit aujourd’hui dans les médias une multiplication d’émissions qui donnent la parole au peuple, dans le souci d’une plus grande démocratie participative : les JT proposent de plus en plus de micros-trottoir, les émissions politiques offrent aux spectateurs la possibilité d’interagir par texto ou internet, etc. Mais quid du recul critique ? Ce débat avait déjà posé problème lors de l'élection de 2002, où les émissions de pseudo débat populaire (dans l'esprit "La parole aux Français") ne laissaient la place à aucune réaction critique de la part de journalistes, absents des plateaux (PPDA n'étant évidemment pas compté dans cette dernière catégorie). La réaction - prise sur le vif - prend alors le pas sur l’opinion, non consensuelle mais réfléchie et contrebalancée. On est alors face à des médias où le flot quotidien de la conversation se déverse et où on n’y voit plus d’opinions, seulement des réactions.
Ces rappels théoriques et ces considérations actuelles ne doivent pas minorer les bénéfices apportés par l’invasion d’informations et de témoignages cruciaux d’une révolte en train de se faire à l’autre bout du monde ou même au coin de sa rue. Néanmoins, il est nécessaire de prendre le recul adéquat, de vérifier les sources et d'adopter un regard critique, aussi dérangeant et peu consensuel qu’il puisse être. Car comme le rappelle une maxime d'Adorno (2) : « se méfier de la société suppose qu’on se méfie aussi de son langage », qu'il tienne en 140 caractères ou non.
lundi 6 juillet 2009
Orelsan, boudé par les Francofolies
Game over, again
Retour de bâton
Mais le retour de bâton ne se fait pas attendre et le polémique reprend de plus belle avec les Francofolies. A l'Express, Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes où se déroule le festival, nie une quelconque implication dans cette annulation. Mais samedi 4 juillet, répondant aux questions du quotidien Sud-Ouest, elle revient sur ses propos et avoue avoir contacté les organisteurs au mois de mars : "En tant que femme et présidente de la région Poitou-Charentes, je n'ai absolument pas envie de sponsoriser sur mon territoire une personne qui vante les violences faites aux femmes. Même si je n'ai pas à me mêler des choix artistiques, j'assume, et je me réjouis qu'il ne chante pas ses paroles de haine et de meurtre aux Francofolies".
A l'annonce d'une telle décision, inattendue et décevante, le rappeur demeure consterné : « Je suis estomaqué de l'apprendre aussi tardivement. Et dire que je suis encore sur les affiches... J'étais ravi de me produire aux Francos, mais je ne vais pas me laisser faire. Il n'y avait aucune raison d'annuler. Même au plus fort de la polémique, les organisateurs du Printemps de Bourges ne l'avaient pas fait. Je n'envisage pas de venir chanter quand même pour faire de la provocation, mais il faut bien savoir que c'est une équipe d'une dizaine de personnes qui sera privée de travail ce jour-là (…).Quant à ma chanson, je ne pense pas qu'elle ait changé - en bien ou en mal - le nombre de femmes battues en France. Mais, encore une fois, comme les autres, Ségolène Royal n'a jamais dû prendre la peine d'écouter l'album qui est en cause. Il faut désormais que je m'explique avec elle, je vais essayer de la rencontrer. »
vendredi 3 juillet 2009
La pomme de discorde
Cette affaire est non seulement une mauvaise aubaine pour Philippe Val, fraîchement accueilli dans sa nouvelle maison. Mais ça l'est aussi pour le nouveau directeur de Radio France, Jean-Luc Hees, que l'agitation syndicale met dans l'embarras. D'autres dossiers restent prioritaires et risquent de faire encore du grabuge dans les couloirs de la Maison de la Radio : renégociation de la convention collective et préparation du budget sont autant de sujets délicats qu'il va être difficile d'aborder dans une ambiance électrique.
A lire : Le Blog de Frédéric Pommier, dans le même ton que sa revue de presse mais sur des sujets plus personnels, à ne pas louper!