Souvenez-vous, il avait fait un tabac en 2000 avec sa chanson incendiaire Jeune et con. Saez revient en force cette année avec un nouvel album... Et un show typiquement saezien lors des dernières Victoires de la Musique. Pour le bonheur de ses fans, et le malheur des autres.
Petit retour en arrière
Au début des années 2000, Saez est la nouvelle égérie de la scène rock française : adulé par des milliers de fans, à la fois poète tourmenté et jeune révolté, il connaît un franc succès auprès de la jeunesse avec son opus Jours Etranges. S’ensuivent deux autres albums, God Blesse en 2002 (de loin sa meilleure création) et Debbie (2004), au succès mitigé. Saez connaît ensuite une longue période d’absence et ne revient que fin 2006 en mettant en ligne sur son site quatre nouveaux titres en anglais. Des rumeurs abondent sur le net sur une potentielle tournée, un album en anglais, puis deux en français. Finalement, le 21 avril 2008, son quatrième album intitulé Paris sort dans les bacs. Mais à son habitude, Saez ne faisant jamais dans la demi-mesure, il nous concocte une édition collector composée du triple album Varsovie – l’Alhambra – Paris.
Le hic dans sa musique
Le chanteur offre à son public une musique plus sophistiquée et des chansons plus mâtures mais qui ont du mal à se détacher les unes des autres. L’album reste très homogène, et la qualité de certaines paroles et musiques n’empêche pas un certain agacement après une écoute trop prolongée de l’album : il faut oser le dire, Saez ne sait vraiment pas chanter. L’enfant sage du rock français peine donc à se renouveler. Ce dernier album a comme un goût de déjà-vu. Ses textes poétiques et dépressifs sont moins audacieux que ceux d’un Brel, sa voix moins agréable et déchirante que celle d’un Bertrand Cantat, sa musique bien moins recherchée et percutante que celle de Noir Désir. Si Saez renoue avec le succès et son public, c'est que le chanteur semble ne pas avoir changé d’un iota : aussi révolté que dépressif, écorché et malentendant (sinon il arrêterait de chanter), apparemment il n’a pas non plus compris qu’on pouvait écrire un morceau de piano en utilisant plus de trois touches. Saez fait donc partie de ces chanteurs qu’il vaut mieux lire qu’écouter.
Un artiste bel et bien rebelle
Ses fans vous répondront que ce qui compte aussi chez Saez, c’est sa révolte, son engouement pour la jeunesse, sa croyance dans l’espoir, le rêve… En omettant de parler de son pessimisme chronique (tout comme sa dépression) et de ses tourments perpétuels : citons seulement des titres comme J’veux m’en aller, J’veux qu’on baise sur ma tombe, Que tout est noir, Quand on perd son amour ou encore Putain vous m’aurez plus. Tout un programme, parfois bien alléchant, Saez sachant jouer avec les mots bien mieux qu'avec sa voix. Quoiqu’il en soit, Saez est un rebelle. A la suite des élections présidentielles de 2002, il met en ligne une chanson anti-lepéniste intitulée Fils de France, un titre agréable et percutant, à écouter voire réécouter. Le 8 décembre 2007, rebelote : Saez met en téléchargement libre une nouvelle chanson, Jeunesse lève-toi, écrite en mars à l'occasion de la campagne présidentielle. Saez a des choses à dire, et il les dit, tant bien que mal.
Une défaite pour la musique
Malgré tout, son triple album obtient un disque d’or en 2009. Saez renoue alors avec le succès, tout en restant loin des caméras et du cercle médiatique. Exception faite de son apparition aux victoires de la musique, où il est nommé dans la catégorie Album Pop-rock. Sa venue a pourtant un arrière-goût de déjà-vu : celle de la cérémonie des victoires en 2001. On retrouve tout : la même dégaine, la même rancœur, la même voix fausse et éraillée. Ne médisons pas : cette année, le jeune révolté (à bientôt 39 ans) innove et nous propose une chanson écrite spécialement pour les victoires. Sans mâcher ses mots et avec une prose habile, il présente un texte poétique et acerbe contre la société de consommation, la crise et ses responsables, politiques ou non. C'est pourtant un beau cadeau dont on se serait bien passé. Après être arrivé nonchalemment sur scène, Saez lit son petit cahier (noir bien sûr) et nous délivre sa dernière composition, sur laquelle il y a peu de choses à redire. La prose de Saez est toujours agréable à écouter quand elle est lue, et non chantée (lisez par exemple son recueil A ton nom). Après ce bref épisode, tout se gâte. Guitare en main, le jeune homme se met à chanter sa composition, fade redite de son titre Jeunesse Lève-toi, qui n’arrive pas à la cheville de Gagnants-Perdants, la dernière chanson de Noir Désir. Entre cris déchirants et fausses notes, on se demande ce que fait cet énergumène sur la scène des Victoires. S'il n'y avait pas une petite bande qui s'inscrivait en bas de l'écran pour nous rappeler que Saez a eu un disque d'or, on aurait déjà zappé sur Les Experts (TF1) sans se poser de questions.
Comme quoi il ne suffit pas de crier fort (et surtout mal) pour être entendu ni pour être rebelle. Il ne suffit pas de mettre bout à bout des mots qui ne veulent rien dire pour être un poète. Tout le monde pourrait le faire. D’ailleurs, n’importe qui le fait, Saez en est souvent la preuve.
Wahou! je suis impressionné! Je m'attendais pas à un article comme ça sur Saez et venant de toi. le divorse? ou juste une critique objective et indépendante de ton avis?
RépondreSupprimerJe reconnais mes erreurs on va dire... Ca ne m'empêche pas d'apprécier encore certaines de ses chansons. Mais j'essaie aussi d'etre plus objective...
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