Avec son livre L'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon a gagné le gros lot. 10 millions d'exemplaires vendus dans le monde, 36 traductions publiées pour ce best-seller sorti en 2001. C'est un pavé de plus de 600 pages, qui est un paradoxe vivant. Il combine à la fois un style léger et fluide, ponctué de métaphores poétiques à souhait et lyriques à l'envi. Bref, une écriture qui devient vite lourde et pesante après quelque 200 pages d'ombre, de vent et de pipeau. Serait-ce un roman de gare dans l'air du temps? Presque, et c'est bien dommage.
Une histoire intrigante
L'histoire n'est pourtant pas banale. Elle se déroule dans l'Espagne de la dictature, et les allusions à la guerre civile ou au contexte de terreur ne manquent pas. Le jour de ses 10 ans, un libraire amène son fils Daniel découvrir "Le cimetière des Livres Oubliés". En amateur de littérature, on en frissonne déjà de plaisir. Dans un des rayons poussiéreux de cette immense bibliothèque, le jeune garçon découvre un livre qui semble l'attirer irrémédiablement : "L'Ombre du Vent" de Julian Carax. Commence alors pour le jeune homme une course effrenée, à la recherche de ce mystérieux écrivain que personne ne connaît. Au fil de son investigation, il rencontre des personnages hauts en couleur : Fermin le clochard, ancien républicain et espion aguerri; la mystérieuse Clara qui va lui briser le coeur; la belle Bea dont il tombe amoureux et bien sûr le sordide inspecteur Fumero, qui ne va cesser de le poursuivre.
Un livre presque parfait
En croisant une narration habile et de nombreuses métaphores (peut-être trop), Carlos Ruiz Zafón nous donne à lire un livre intense (malgré ses 600 pages) avec un récit riche en actions et en retournements. Avec un ton presque lyrique et poétique (sûrement trop), l'auteur nous révèle son amour de la grande littérature. L'Ombre du Vent tombe alors dans une caricature romantique, au point de céder le pas au côté historique de l'oeuvre, qui aurait pu être mieux exploité. Malgré tout, grâce à sa prose fluide et agréable, le livre se lit d'un trait et l'histoire prend vie progressivement, graduant l'angoisse et suscitant notre curiosité. Les 600 pages nous permettent alors de nous plonger dans la vie des personnages et de s'attacher à eux, même s'ils manquent parfois de nuances et d'envergure.
Mêlant amour, humour et mystère, Zafon nous offre donc un récit presque haletant et pourtant prévisible, à la prose facile et légère. De ce livre, on retiendra surtout un bel hymne à la littérature, à l'amour des livres, ces objets magiques qui nous transportent et nous transforment. Bref, c'est un livre d'ombres et de vent, qui aurait dû nous laisser un peu plus d'air.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire