samedi 3 juillet 2010

Qui donne aux associations caritatives?



La crise n'a pas entamé la générosité des Français. Les dons font toujours recette, ils ont même augmenté de 5,5% en 2009 pour totaliser 387 millions d'euros. C'est ce que nous apprend le baromètre annuel établi par le Centre de Recherche et d'Etude sur la Philanthropie (Cerphi) et France Générosités, le syndicat des organismes et associations de donateurs qui regroupe notamment Action contre la faim, la Fondation Abbé Pierre ou Greenpeace.
«On est content de cette augmentation des dons, mais on reste clairement inquiet, la précarité est toujours plus importante que tous nos efforts», tempère la responsable des collectes de dons à la Croix-Rouge, Thuy-An Nguyen. Avec la crise, les comportements des donateurs évoluent. Quel est le profil de ces philanthropes anonymes? Les grandes tendances pour 2009.



Des donateurs plus âgés...
D'après l'enquête, les intentions de dons devraient diminuer notamment pour la tranche 35-49 ans. «C'est très significatif, les gens sont plus frileux à cet âge-là, parce qu'ils ont encore des frais à couvrir, la scolarité des enfants à assumer par exemple», commente André Hochberg, président de France Générosités. Dans le même temps, les personnes âgées de plus de 50 ans seraient plus nombreuses à mettre la main au portefeuille.
Hormis les retraités, toutes les catégories professionnelles sont touchées par la crise, et leur participation à la générosité nationale en pâtit. Les cadres supérieurs, chef d'entreprises ou artisans devraient être moins nombreux à donner en 2010.

…et mieux informés
Mieux renseignés sur les modalités juridiques et bancaires, les donateurs hésitent moins à se lancer. C'est le résultat de campagnes de pub, comme celle de la Croix-Rouge sur l'ISF, axées sur les déductions et avantages fiscaux liés au don. Plus prudent et averti, le donateur s'engage sur le long terme.
En témoigne le succès du prélèvement automatique depuis trois ans, au détriment des paiements par chèque ou autres. Il a augmenté de 17,7% en 2009, totalisant aujourd'hui un quart de la collecte globale. Une aubaine pour les associations: 90% des fonds proviennent des donateurs fidèles, qu'il est plus facile de garder grâce au prélèvement automatique, un souci administratif et pratique en moins pour les donateurs.


Des internautes aux abonnés absents
Surfant sur la mode du Net, les associations ont profité d'une hausse des dons en ligne depuis quelques années. Mais 2009 constitue une «cassure» de ce mouvement de fonds: les montants collectés en ligne ont baissé de 9,5%. «Du fait de la crise, on voit tout à coup un décrochage, c'est une des surprises du baromètre», regrette André Hochberg.
Malgré des campagnes actives sur le Net, la Toile ne constitue pas encore un levier de collecte important mais représente seulement 5% des dons. «Au vu de notre investissement, c'est un résultat plutôt décevant», juge Thuy-An Nguyen, responsable de la collecte de fonds à la Croix-Rouge. La page Facebook «1 fan = 1€ pour Haïti» créée par un internaute devait servir à rassembler des fonds pour l'Unicef. Mission presque accomplie: plus d'un million de «fans», mais seulement 15.000 euros de dons concrets. Ces considérations n'entament pas l'optimisme du directeur de France Générosités, André Hochberg: «Ce n'est qu'un temps d'arrêt, on ira doucement vers les 10-15% de dons en ligne.» Le Web restant un média porteur en cas d'urgence: 60% des collectes d'Haïti proviennent d'Internet.


Les entreprises, mécènes sur le retour
Après un creux en 2008, «les entreprises sont à nouveau au rendez-vous, c'est une vraie reprise», constate Ann Avril, directrice du développement à l'UNICEF. Cette année, le Secours Populaire a reçu le soutien de la société Ferrero, engagée pour trois ans dans des actions en faveur des enfants. En partenariat avec le Secours Populaire, Kinder a participé le 25 mai dernier au lancement de l'opération «Vacances d'été» permettant à 1.000 enfants de partir en stage de canoë, d'aviron ou de voile.

La proximité avant tout
La crise s'ajoutant aux inquiétudes du quotidien, les priorités des Français en matière de don se déplacent. Les causes de proximité (précarité, alimentaire, etc.) remportent les faveurs des donateurs. Outre la recherche médicale, qui tient toujours le haut du pavé (43% des interrogés la placent en tête), la lutte contre l'exclusion et la pauvreté détrône la protection de l'enfance.




Article paru sur Libération.fr le 3 juin 2010 (photo © AFP Mychele Daniau sur Libération.fr)

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